Pourquoi la TVA sociale peut faire réélire Sarkozy.

Dans ses voeux aux Français, Nicolas Sarkozy a évoqué plusieurs pistes de réformes, et notamment le retour de la TVA sociale proposée en 2007, sous un autre nom, plus « en vogue » : la TVA anti-délocalisation.

Concrètement, son objectif est d’augmenter la TVA de 3 point au moins (passant à 22,6%) afin de renflouer les caisses de l’Etat, et, dans le même temps, de réduire les charges patronales pour inciter à l’embauche.

Le parfait exemple de la fausse bonne idée néo-libérale.

Les théories libérales préconisent cette mesure qui viendrait, à court terme, augmenter les prix, mais, à moyen terme, réduire les prix… en réduisant les coûts de production, puisque le coût du travail serait réduit. Dans le même temps, la baisse du chômage permettrait une augmentation des salaires. Enfin, la hausse de la compétitivité prix des produits français les renforcerait à l’export, améliorant la croissance, l’emploi, etc… Superbe ! 

Mais tout cela est faux (dommage !)

La seule vérité c’est la hausse généralisée des prix : qui diminuera le pouvoir d’achat des français. Or, imaginez la situation d’un employé au SMIC : il perdra près de 15% de son pouvoir d’achat, soit -200 € en poche. Imaginez l’impact psychologique de cela ! Que fera le consommateur ? Il cherchera à réduire ses dépenses et se tournera, encore plus… vers les produits chinois à bas prix, au détriment du Made in Europe, devenu trop cher. 

Le reste, c’est de la blague : l’effet de la baisse du coût du travail n’aura presque aucun impact sur l’emploi. Quelques CDD dans quelques PME. Juste de quoi faire frémir le taux de chômage pour faire de la pub au gouvernement. Par contre, superbe effet d’aubaine : les charges baissent de près de 10%, c’est 10% de plus dans… la poche des actionnaires des grands groupes. Quand les PME profiteront peu de la mesure, le CAC 40 pourra faire pleuvoir les dividendes. Merci qui ?

Bref, pas de baisse des prix (mais une hausse des profits) et pas de hausse des salaires (faut pas rêver !). 

Bilan désastreux à moyen terme.

En fin de compte, la consommation des français baisserait durablement de plus de 10% quand le taux de chômage ne baisserai que de quelques points pour quelques mois seulement. Or, 80% de la croissance française dépend de… la consommation.

Nous enterions donc très certainement en récession !

Une jolie manoeuvre politicienne de Sarkozy.

La TVA sociale pèsera sur les ménages modestes (qui ne votent pas, ou pas à droite), les classes moyennes-inférieures et les fonctionnaires (qui votent majoritairement à gauche). Cela ne pose donc aucun problème politicien à Sarkozy. 

Sarkozy n’a plus rien à perdre, mais tout à gagner avec cette mesure, pour 5 raisons :

il caresse l’électorat des patrons de PME dans le sens du poil. Or, on sait que c’est cet électorat qui lui est le plus fidèle.

cela n’aura aucun impact sur la consommation des CSP+, pour qui une hausse des prix importe peu… et qui craignent bien plus une hausse de leur impôt sur le revenu. C’est donc une mesure neutre pour l’électorat de l’UMP

cela provoquera un « effet d’aubaine » auprès des patrons de PME, qui viendront embaucher en CDD : le taux de chômage baissera donc… juste à la veille des élections. C’est pain béni pour le Président.

c’est une mesure quasiment exigée par toutes les agences de notation dans leurs recommandations. Ce serait donc un moyen de leur envoyer un message positif et ainsi de regagner (s’il est perdu) ou de maintenir notre triple A… à quelques semaines du premier tour. Une fois de plus, c’est presque magique.

cette mesure permet à Sarkozy de se poser sur le terrain de François Bayrou qui connaît un succès réel et de ramener dans le giron de l’UMP une partie des déçus du sarkozysme. 

– enfin, en redressant les comptes de la Nation par de nouvelles rentrées fiscale, Sarkozy sera entré dans le 2ème quinquennat avant l’élection : il aura démontré être capable de prendre des mesures « difficiles » (choc) pour redresser les comptes publics. Dans le même temps, Hollande s’étant favorchement opposé à la mesure, il pourra montre du doigt son adversaire comme un irresponsable. 

La TVA sociale est donc l’arme fatale, le deus ex machina, du Président. 

La TVA sociale peut faire réélire Sarkozy.

Que le Président souhaite mettre en oeuvre une telle ineptie économique démontre bien qu’il est totalement coupé des réalités du pays. En effet, il ne peut être élu en se contentant de son seul électorat. 

Son pari actuel est simple : arriver au premier tour avec un score équivalent à celui de son adversaire et jouer le second tour sur le thème de la « continuité ». 

Mais, concrètement, s’il réunissait même 30% des voix autour de son nom au premier tour… de quelle réserve de voix disposerait-il ? De celles du FN… soit de personnes issues des classes populaires. Or, ce seront eux qui paieront la TVA sociale. 

Mais peut être mise-t-il sur le fait que Marine le Pen n’aura pas ses 500 signatures à temps, et ne pourra être candidate (lire). 

Dès lors, il devra aller chercher ses voix au Centre… qui est majoritairement constitué d’électeurs issus de CSP+ et de chefs d’entreprises, pour qui cette mesure n’a pas d’effet négatif immédiat voire un effet positif.

Ainsi, à quelques semaines de l’élection, Sarkozy bénéficiera d’une conjoncture favorable (tous les voyants au vert) et pourra montrer du doigt Hollande comme irresponsable et  clientéliste.

Du grand art ! 

Comment retourner cette arme contre Sarkozy ? 

Il ne s’agit plus de convaincre les catégorie populaire de ne pas voter Sarkozy. Il s’agit de détourner les CSP+ et les chefs d’entreprise centristes de leur inclinaison « logique » vers l’UMP… Et cela ne va pas être facile. 

Le seul moyen est, une fois de plus, d’attaquer Sarkozy en dehors du terrain des idées : sur le terrain privé, et notamment celui des affaires.

Karachi : voici la bombe qui peut faire sauter le Président… la seule arme qui puisse le faire  totalement échouer.  

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